Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/282

Cette page n’a pas encore été corrigée
268
ESSAI SUR LES PROBABILITÉS EN FAIT DE JUSTICE.


on a dû représenter le nombre des événements par un nombre toujours constant, et on a choisi l’unité comme celui qui rendait les calculs plus simples.

Par exemple, avoir trois chances en sa faveur sur trente, ou trente sur trois cents, ou quarante-cinq sur quatre cent cinquante, c’est évidemment la même chose ; ainsi, dans tous ces cas, regardant le nombre quelconque des chances comme l’unité, 1/10 exprimera le nombre des chances favorables.

Lorsque le nombre des combinaisons en faveur de la vérité d’un événement est beaucoup plus grand que celui des combinaisons contraires, on dit que l’événement est probable. Plus le premier de ces nombres augmente par rapport à l’autre, plus la probabilité de l’événement est grande ; et on appelle certitude morale une probabilité telle, qu’on regarde comme impraticable d’en déterminer une plus approchante de l’unité, à laquelle on ne peut jamais atteindre, si l’événement contraire n’est pas rigoureusement impossible.

Ces réflexions suffisent cour montrer combien les expressions demi-preuves, quart de preuves, sont vides de sens, à quelles erreurs elles peuvent exposer, et que, pour se permettre d’employer le langage arithmétique dans l’examen des preuves, il faudrait des connaissances qui manquent à la plupart des jurisconsultes, et des recherches qui n’ont point été faites encore.

Séparateur