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ESSAI SUR LES PROBALILITÉS EN FAIT DE JUSTICE.



ESSAI SUR LES PROBABILITÉS


EN FAIT DE JUSTICE.


L’idée d’appliquer aux preuves juridiques le calcul des probabilités, est aussi ingénieuse que l'exécution de cette idée serait utile. On sent qu’elle est encore trop nouvelle, trop éloignée des idées communes, trop propre surtout à faire sentir l’importance des lumières acquises par la méditation et l’étude des sciences, pour n’être pas rejetée comme une de ces rêveries politiques qui naissent dans la tête des philosophes, et que les vrais hommes d’État ignorent ou méprisent

M. de Voltaire jugeait autrement ; mais, étranger à l’espèce de calcul qui peut s’appliquer à ces questions, il n’a pu qu’indiquer la route qu’il fallait suivre ; et c’est dans cette vue seulement qu’il faut lire cet ouvrage.

Dans le calcul des probabilités, on désigne la certitude par l’unité, c’est-à-dire que l’on suppose égal à un le nombre des combinaisons possibles qui renferment l’événement dont on cherche la probabilité, ou dans lesquelles cet événement n’entre point ; la probabilité de l’événement, représentée alois par une fraction, est le nombre des combinaisons dans lesquelles l’événement a lieu. Comme la probabilité est indépendante du nombre des combinaisons pour ou contre, mais dépend du rapport entre le nombre de combinaisons qui amènent l’événement et le nombre de combinaisons qui ne l’amènent point,