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RELATION DE LA MORT DU CHEV. DE LA BARRE.

On a dit aussi que les libres penseurs étaient dangereux, parce qu’ils formaient une secte : cela est encore absurde. Ils ne peuvent former de secte, puisque leur premier principe est que chacun doit être libre de penser et de professer ce qu’il veut : mais ils se réunissent contre les persécuteurs ; et ce n’est point faire secte, que de s’accorder à défendre le droit le plus noble et le plus sacré que l’homme ait reçu de la nature.

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RELATION


DE LA MORT DU CHEVALIER DE LA BARRE, 1766,


ET LE CRI DU SANG INNOCENT, 1775.


Nous nous permettrons quelques réflexions sur l’horrible événement d’Abbeville, qui, sans les courageuses réclamations de M. de Voltaire et de quelques hommes de lettres, eut couvert d’opprobre la nation française aux yeux de tous ceux des peuples de l’Europe qui ont secoué le joug des superstitions monacales.

Il n’existe point en France de loi qui prononce la peine de mort contre aucune des actions imputées au chevalier de la Barre.

L’édit de Louis XIV contre les blasphémateurs ne décerne la peine d’avoir la langue coupée qu’après un nombre de récidives qui est presque moralement impossible ; il ajoute que, quant aux blasphèmes