et dans les pays catholiques, qu’il ne faut pas tolérer les communions protestantes, parce qu’elles sont ennemies du pouvoir absolu. Cette contradiction ne suffit-elle pas à un homme de bon sens, pour en conclure qu’il faut les tolérer toutes, afin qu’aucune n’ayant de pouvoir, aucune ne puisse être dangereuse ?
Quelques personnes prétendent que la liberté de penser étant une suite naturelle de la tolérance, et la liberté de penser conduisant à la destruction de la morale, l’intolérance est nécessaire au bonheur des hommes ; c’est calomnier la nature humaine. Quoi ! du moment où les hommes se mêlent de raisonner, ils deviennent des scélérats ! quoi ! la vertu, la probité ne peuvent s’appuyer que sur des sophismes qui disparaîtront dès qu’on sera libre de les attaquer ! Cette opinion est contredite par les faits. Parmi les hommes qui commettent des crimes, il y en a beaucoup plus de gens crédules que de libres penseurs ; et il faut se garder de confondre la liberté de penser, produite par l’usage de la raison, avec ces maximes immorales qui sont depuis tous les temps à la bouche de la canaille de tous les pays : elles sont le fruit d’un instinct grossier, et non celui de la raison ; elles ne peuvent être attaquées et détruites que par elle.
Vous voulez, dites-vous, que les hommes aiment et pratiquent la vertu : préférez ceux qui veulent les rendre raisonnables, à ceux qui s’occupent d’ajouter des erreurs étrangères aux erreurs où l’instinct peut entraîner.
Les hommes qui croient vraie la religion qu’ils pro-