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TRAITÉ SUR LA TOLÉRANCE, ETC.


demandes. L’éloquence et le zèle de M. de Voltaire ont été inutiles ; la servitude subsiste encore au pied du mont Jura, et tandis que le petit- fils de Henri I Va déclaré qu’il ne voulait pi us avoir que des hommes libres dans ses domaines, ni ses exhortations, ni son exemple n’ont pu résoudre les gentilshommes, qui ont eu l'humilité de succéder aux moines de Saint-Claude, à renoncer a l’orgueil d’avoir des esclaves.

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TRAITÉ SUR LA TOLÉRANCE,


A L'OCCASION DE LA MORT DE JEAN CALAS.


Nous osons croire, à l’honneur du siècle où nous vivons, qu’il n’y a point dans toute l’Europe un seul homme éclairé qui ne regarde la tolérance comme un droit de justice, un devoir prescrit par l’humanité, la conscience, la religion ; une loi nécessaire à la paix et la prospérité des États.

Si dans cette classe d’hommes qui déshonorent les lettres par leur vie, comme par leurs ouvrages, quelques-uns osent encore s’élever contre cette opinion, on peut leur opposer avec trop d’avantage les maximes et la conduite des États-Unis de l’Amérique septentrionale, des deux parlements de la Grande-Bretagne, des États-généraux, de l’empereur des Romains, de l’impératrice des Russes, du roi de Prusse, du roi de Suède, de la république de Pologne ; du cercle polaire au cinquantième degré de latitude, du Kamschalka aux rives du Mississipi, la tolé-