par quelques ministres, les aidait à faire disgracier le contrôleur général qui osait rendre ce service à sa
patrie. Or le clergé raisonnait ainsi : notre bien est
le bien des pauvres ; donc ce serait in sacrilège, si,
au lieu d’enlever aux pauvres leur nécessaire pour subvenir aux dépenses de l’État, on nous prenait une
faible partie de notre superflu. Nous étions exempts,
comme la noblesse, des anciennes taxes ; donc nous
ne devons pas payer les nouvelles taxes que la noblesse
paye comme le reste des citoyens ; et la noblesse
qui, sous Louis XIV, s’est assemblée pour un
tabouret, et sous Louis XV pour un menuet, ne
s’assembla point pour défendre ses droits contre les
prêtres, et elle continua de payer gaiement pour le
clergé. Prétendre, comme les Anglais, qu’on ne peut
être taxé légitimement qu’avec le consentement des
représentants du peuple, c’est soutenir un des droits
des hommes. Prétendre, comme le clergé de France,
qu’un corps particulier doit ne payer que comme il
veut, et rejeter à son gré le fardeau des dépenses
publiques sur le reste des citoyens, c’est insulter au
bon sens et à la nation.
Les dîmes levées par le clergé sont un impôt qui s’oppose par sa nature à tout perfectionnement dans la culture. Les moines mendiants sont un autre impôt très-nuisible au peuple, auquel ils enlèvent ce qui lui aurait donné un peu d’aisance ou formé quelques épargnes.
Ainsi, en France, non-seulement le clergé ne paye point les impôts, mais il en lève à son profit de très-considérables.