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MÉLANGES HISTORIQUES.

dages, les débauches d’une horde de voleurs arabes ?

Nous croyons plus naturel d’attribuer ces lettres à de véritables Juifs : il est tout simple qu’ils s’occupent et cherchent à occuper les autres des aventures de leurs ancêtres. On peut pardonner à un Juif qui a lu le Talmud, de parler avec hauteur à un grand poëte qui n’a étudié que Locke et Newton. On peut même les excuser de manquer de charité ; ils ne sont point sous la loi de grâce : et quand les petits-fils de Siméon, de Phinée, de Josué, de Samuel, de David, etc., se bornent à faire l’apologie de ces héros, et à dire de grosses injures à un philosophe, on doit leur savoir gré de leur modération. N’est-il pas évident qu’un auteur qui prend la défense de tant d’assassinats, de tant d’usages barbares, ne peut être un chrétien, et qu’il n’y a qu’un Juif qui puisse dire que les Juifs aient su l’astronomie et cultivé les arts ?

On se tromperait, si l’on imaginait que le zèle pour la religion produit les ouvrages de ce genre. Quand ce n’est point l’envie ou la faim, c’est l’orgueil qui les inspire. Un homme a passé vingt années à lire un vieux livre, à en comparer les manuscrits et les éditions, à restituer quelques lignes défigurées ; et vous allez lui dire que ce livre n’est qu’un recueil de contes à dormir debout ! Ce savant doit vous regarder comme un ennemi de la société, une bête féroce.

Un autre est accoutumé à entendre dire à des bambins : « Cela est bien sur, car M. l’abbé l’a dit ; » et il apprend qu’il y a des hommes assez audacieux