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LES DEUX SIÈCLES.

C’est à cette seule opinion qu’on peut attribuer l’abominable usage de brûler des hommes vivants ; usage qui, à la honte de notre siècle, subsiste encore dans les pays catholiques de l’Europe, excepté dans les États de la famille impériale. Heureusement cette opinion est aussi ridicule qu’arrose, et plus injurieuse à la Divinité que tous les contes des païens sur les aventures galantes des dieux immortels. Aussi, parmi ceux qui sont intéressés au maintien de la théologie, les gens raisonnables voudraient-ils qu’on abandonnât ce prétendu dogme, comme celui de la création du monde, il y a juste six mille ans.

On suivrait la même marche à mesure que certains dogmes deviendraient trop révoltants, ou trop clairement absurdes ; et au bout d’un certain temps on soutiendrait qu’on ne les a jamais regardés comme articles de foi. Cela est arrivé déjà plus d’une fois, et l’Église s’en est bien trouvée.

Il est juste d’observer ici que Ribalier, syndic de Sorbonne, dont on parle dans cette satire, est un homme de mœurs douces, assez tolérant, qui céda, malgré lui, dans cette circonstance au délire théologique de ses confrères. Il avait à se faire pardonner sa modération à l’égard des jansénistes ; et pour l’expier, il se mit à persécuter un peu les gens raisonnables.

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LES DEUX SIÈCLES.


Dans un siècle où l’on met de la vanité à être