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LE RUSSE À PARIS.


la paix, que M. de Voltaire en a quelquefois exagéré les avantages.

Nous avouerons avec la même franchise, que la vie d’un honnête homme, peinte dans le Mondain est celle d’un Sybarite, et que tout homme qui mène cette vie ne peut être, même sans avoir aucun vice, qu’un homme aussi méprisable qu’ennuya ; mais il est aisé de voir que c’est une pure plaisanterie. Un homme qui, pendant soixante-dix ans, n’a point peut-être passé un seul jour sans écrire ou sans agir en faveur de l’humanité, aurait-il approuvé une vie consumée dans de vains plaisirs ? Il a voulu dire seulement qu’une vie inutile, perdue dans les voluptés, est moins criminelle et moins méprisable qu’une vie austère employée dans l’intrigue, souillée par les ruses de l’hypocrisie ou les manœuvres de l’avidité.

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LE RUSSE À PARIS.


Nous avons rétabli les notes de cette satire d’après les premières éditions. L’auteur avait cru devoir eu supprimer quelques-unes. Ce qui occupait les esprits en 1760 était oublié en 1775. Il faut se rappeler, en les lisant, l’époque où elles ont été faites, et la nécessité où se trouvait M. de Voltaire de dévoiler l’hypocrisie des hommes qui, sous le masque du patriotisme, comme sous le manteau de la religion, cherchaient à perdre auprès de Louis XV des écrivains vertueux et amis du bien public, dont tout le