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LE MONDAIN.

langes littéraires, le Dictionnaire philosophique, la Correspondance, etc.

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LE MONDAIN.


Ces deux ouvrages ont attiré à M. de Voltaire les reproches, non-seulement des dévots, mais de plusieurs philosophes austères et respectables. Ceux des dévots ne pouvaient mériter que du mépris, et on leur a répondu dans l'Apologie du Mondain. Toute prédication contre le luxe n’est qu’une insolence ridicule dans un pays où les chefs de la religion appellent leur maison un palais, et mènent dans l’opulence une vie molle et voluptueuse. Les reproches des philosophes méritent une réponse plus grave. Toute grande société est fondée sur le droit de propriété ; elle ne peut fleurir qu’autant que les individus qui la composent sont intéressés à multiplier les productions de la terre et celles des arts ; c’est-à-dire, autant qu’ils peuvent compter sur la libre jouissance de ce qu’ils acquièrent par leur industrie ; sans cela les hommes, bornés au simple nécessaire, sont exposés à en manquer. D’ailleurs, l’espèce humaine tend naturellement à se multiplier ; puisqu’un homme et une femme qui ont de quoi se nourrir, et nourrir leur famille, élèveront en général un plus grand nombre d’enfants que les deux qui sont nécessaires pour les remplacer. Ainsi, toute peuplade qui n’augmente point, souffre ; et l’on sait que