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CONTES EN VERS.


a été difficile. Dans le cours d’un long ouvrage en vers, il eût été presque impossible d’imiter la grâce piquante, le coloris brillant, la philosophie douce et libre qui caractérise toutes les poésies de cet homme illustre : son cachet ne pouvait être aussi reconnaissable dans quinze ou vingt vers presque toujours impromptu. Il était plus aisé, en s’appropriant quelques-unes de ses idées et de ses tournures, d’atteindre à une imitation presque parfaite. D’ailleurs, il n’a jamais voulu, ni recueillir ses pièces, ni en avouer aucune collection. Celles qu’on a publiées de son vivant, sous ses yeux, contenaient des pièces qu’il n’avait pu faire, et dont il connaissait les auteurs. C’était un moyen qu’il se réservait pour se défendre contre la persécution que chaque édition nouvelle de ses ouvrages réveillait. Il attachait très-peu de prix à ces bagatelles qui nous paraissent si ingénieuses et si piquantes. L’à-propos du moment les faisait naître, et l’instant d’après il les avait oubliées. L’habitude de donner à tout une tournure galante, ou spirituelle ou plaisante, était devenue si forte, qu’il lui eût été presque impossible de s’exprimer d’une manière commune. Le travail de parler en rimes avait cessé d’en être un pour lui dans tous les genres où la familiarité n’est point un défaut. Il ne faut donc pas s’étonner qu’il estimât peu ce qui ne lui coûtait rien, et que cette modestie ait été sincère.

N. B. On n’a pas cru devoir répéter, dans le recueil des Poésies mêlées, pièces de vers qui se trouvent éparses en assez grand nombre dans d’autres parties de cette édition, telles que les Mé-