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CONTES EN VERS.


toujours, comme dans la Fontaine, une femme séduite, ou un niait trompé ; la véritable morale y est plus respectée ; la fourberie, la violation des serments n’y sont point traitées si légèrement. La volupté y est plus décente, et à l’exception d’un petit nombre de pièces échappées à sa première jeunesse, le ton du libertinage en est absolument banni.

M. de Voltaire a fait des satires comme Boileau ; et comme Boileau il a peut-être parlé trop souvent de ses ennemis personnels. Mais les ennemis de Boileau n’étaient que ceux du bon goût, et les ennemis de Voltaire furent ceux du genre humain. L’un fut injuste à l’égard de Quinault, auquel il ne pardonna jamais, ni la mollesse aimaible de sa versification, ni cette galanterie qui blessait l’austérité et la justesse de son goût. L’autre fut injuste envers J. J. Rousseau ; mais Rousseau s’était déclaré l'ennemi des lumières et de la philosophie. Il paraissait vouloir attirer la persécution sur les mêmes hommes qui avaient pris sa défense, lorsque lui-même en avait été l’objet. Mais M. de Voltaire fut de bonne foi ainsi que Boileau. Ils n’ont méconnu, l’un dans Quinault, l’autre dans Rousseau, que des talents pour lesquels leur caractère et leur esprit ne leur donnaient aucun attrait naturel.

Si M. de Voltaire a pris quelquefois le ton violent et presque cynique de Juvénal, c’est qu’il avait à punir, comme lui, le vice et l’hypocrisie.

Dans le recueil des poésies mêlées, on a évité également d’en multiplier trop le nombre, et d’en insérer qui fussent d’une autre main. Souvent ce choix