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LA FÊTE DE BELLEBAT.


Hé bien, courage ! allons, reprit le prêtre :
Offrez à Dieu votre incrédulité.

L’humeur qui a pu égarer M. de Voltaire n’est-elle pas excusable ? Il eût dû plaindre M. Rousseau : mais un homme qui, dans son malheur, calomniait, outrageait tous ceux qui faisaient cause commune avec lui, pouvait aussi exciter l’indignation.

Excepté ces traits contre M. Rousseau, on ne trouve ici que des plaisanteries. La manière dont milord Abington ressuscite Catherine est une sorte de reproche aux Genevois d’aimer trop l’argent ; mais ce reproche qu’on peut faire aux habitants de toutes les villes purement commerçantes, n’est-il pas fondé ? Tout homme qui, ayant le nécessaire et un patrimoine suffisant à laisser à ses enfants, se dévoue à un métier lucratif, peut-il ne pas aimer l’argent ? S’occupe-t-on toute sa vie, sans nécessité, d’une chose qu’on n’aime point ? Le désintéressement qu’affecte un homme qui s’est livré longtemps au soin de s’enrichir, ne peut être que de l’hypocrisie.

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LA FÊTE DE BELLEBAT.


Cette lettre contient la description d’une fête donnée à Bellebat, chez M. le marquis de Livry, en 1724.

Le curé de Courdimanche, dans la paroisse de qui le château de Bellebat est situé, était un fort bon homme, à demi fou, qui se piquait de faire des vers