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LE TEMPLE DU GOÛT.

sons aux douleurs physiques la tempérance et les remèdes : nous avons appris à braver le tonnerre ; cherchons à pénétrer la cause des volcans et des tremblements de terre, à les prévoir, si nous ne pouvons les détourner. Corrigeons les mauvais penchants, s’il en existe, par une bonne éducation ; apprenons aux hommes à bien connaître leurs vrais intérêts ; accoutumons-les à se conduire d’après la raison. La nature leur a donné la pitié et un sentiment d’affection pour leurs semblables ; avec ces moyens dirigés par une raison éclairée, nous détournerons loin de nous le vice et le crime.

Qu’importe que tout soit bien, pourvu que nous fassions en sorte que tout soit mieux qu’il n’était avant nous.

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LE TEMPLE DU GOÛT.


Le Temple du Goût a fait à M. de Voltaire plus d’ennemis peut-être que ceux de ses ouvrages où il a combattu les préjugés les plus puissants et les plus funestes.

On ne pardonna point à l’auteur de la Henriade, d’Œdipe de Brutus et de Zadig, d’oser juger les poëtes du siècle passé, trouver quelques défauts dans Corneille, dans Racine, dans Despréaux, et apprécier ce qu’on était convenu d’admirer. Cependant un demi-siècle s’est écoulé, et il n’y a peut-être pas un seul des jugements du Temple du Goût qui ne soit devenu l’opinion générale des hommes éclairés.