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SUR LA LOI NATURELLE.


Lisbonne : elle contient quelques objections sur lesquelles la réputation méritée de cet auteur nous oblige d’entrer dans quelques détails.

Il convient d’abord que nous n’avons aucun moyen d’expliquer l’origine du mal ; et il ajoute qu’il ne croit le système de l’optimisme que parce qu’il trouve ce système très-consolant, et qu’il pense qu’on doit déduire de l’existence d’un Dieu juste que tout est bien, et non déduire de la perfection de l’ordre du monde, l’existence d’un Dieu juste.

Nous observerons, 1° que l’on ne doit croire une chose que parce qu’elle est prouvée. Il y a des hommes qui croient plus facilement ce qui leur est plus agréable ; d’autres sont au contraire plus portés à croire les événements fâcheux. La constitution des premiers est plus heureuse ; mais le doute sur ce qui n’est pas prouvé est le seul parti raisonnable.

2° En supposant que l’ordre du monde, tel que nous le connaissons, nous conduise à l’existence d’un Être suprême, il est évident que nous ne pouvons nous former une idée de sa justice ou de sa bonté, que d’après la manière dont nous le voyons agir. Chercher à priori à se faire une idée des attributs de Dieu, est une méthode de philosopher qui ne peut conduire à aucune véritable connaissance. Des métaphysiciens hardis en ont conclu qu’on ne pouvait se former une idée de Dieu ; cette assertion est trop absolue : il fallait ajouter, en suivant la méthode des théologiens et des métaphysiciens de l’école. Mais on ne peut se former de Dieu, comme d’aucun autre objet réel, que des idées incomplètes, et seulement