comme d’une des raisons qui l'ont éloigné de M. de
Voltaire ; délicatesse bien singulière dans l’auteur de
tant d’épigrammes où la religion est tournée en ridicule.
Rousseau croyait apparemment qu’il n’y avait
de scandale que dans les raisonnements philosophiques,
et que, pourvu qu’un conte irréligieux fût
obscène, la foi de l’auteur était à l’abri de tout reproche.
Au reste, cet ouvrage a le mérite singulier de renfermer dans quelques pages, et en très-beaux vers, les objections les plus fortes contre la religion chrétienne, les réponses que font à ces objections les dévots persuadés et les dévots politiques, et enfin le plus sage conseil qu’on puisse donner à un homme raisonnable, qui ne veut connaître sur ces objets que ce qui est nécessaire pour se bien conduire. La fameuse profession de foi du vicaire savoyard n’est presque qu’un commentaire éloquent de cette épître et de quelques morceaux du poème de la loi naturelle.
L’objet du poème sur la loi naturelle est d’établir l’existence d’une morale universelle et indépendante, non-seulement de toute religion révélée, mais de tout système particulier sur la nature de l’Être suprême.
La tolérance des religions, et l’absurdité de l’opi-