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LE POUR ET LE CONTRE.


moyen de gouverner despotiquement les esprits faibles, les imaginations ardentes, et surtout les vieillards, qui, en expiation des vieilles fautes qu’ils ne peuvent plus répéter, ne demandent pas mieux que de dépouiller leurs héritiers en faveur des prêtres.

Nous observerons, en cinquième lieu, que ces mêmes fautes sont précisément celles pour lesquelles on peut se rendre sévère, en faisant le moins de sacrifices. Il n’y a point de vertu qu’il soit si facile de pratiquer, ou de faire semblant de pratiquer, que la chasteté ; il n’y en a point qui soit plus compatible avec l’absence de toute vertu réelle et l’assemblage de tous les vices : en sorte que du moment où il est convenu d’y attacher une grande importance, tous les fripons sont sûrs d’obtenir, à peu de frais, la considération publique.

Aussi cherchez sur tout le globe un pays où, nous ne disons pas la pureté qui tient à la simplicité, mais l’austérité de mœurs soit en grand crédit, et vous serez sûr d’y trouver tous les vices et tous les crimes, même ceux que la débauche fait commettre.

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LE POUR ET LE CONTRE.


Ce petit poème est un des premiers ouvrages où M. de Voltaire ait fait connaître ouvertement ses opinions sur la religion et la morale. Nous ignorons quelle est la femme à qui l’auteur l’avait adiessé. Il est du temps de sa jeunesse, et antérieur à ses querelles avec J. B. Rousseau, qui parle de cet ouvrage