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LA PUCELLE D’ORLÉANS.


capucin Maubert, réfugié en Hollande. Celle entreprise devait leur rapporter de l’argent el compromettre M. de Voltaire. Ils y trouvaient leur bien, premièrement, el puis le mal d’autrui.

Un libraire, nommé Grasset, eut même l’impudence de proposer à M. de Voltaire de lui payer un de ces manuscrits volés, en le menaçant des dangers auxquels il s’exposerait, s’il ne l’achetait pas ; et le célèbre anatomiste poète Haller, zélé protestant, protégea Grasset contre M. de Voltaire.

Nous voyons, par la lettre de l’auteur à l’Académie française, que l’on a jointe à la préface (Volt., tom. II, page 14), que cette première édition fut faite à Francfort, sous le titre de Louvain. Il en parut, fort peu de temps après, deux éditions semblables en Hollande.

Les premiers éditeurs, irrités du désaveu de M. de Voltaire, consigné dans les papiers publics, réimprimèrent la Pucelle, en 1756, y joignirent le désaveu pour s’en moquer, el plusieurs pièces satiriques contre l’auteur. En se décelant ainsi eux-mêmes, ils empêchèrent une grande partie du mal qu’ils voulaient lui faire.

En 1757, il parut à Londres une autre édition de ce poëme, conforme aux premières, et ornée de gravures d’aussi bon goût que les vers des éditeurs : les réimpressions se succédèrent rapidement ; et la Pucelle fut imprimée à Paris, pour la première fois, en 1759.

Ce fut en 1762 seulement que M. de Voltaire publia une édition de son ouvrage, très-différente de