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LES GUÈBRES.


et que même ce ne fût, en quelque façon, manquer de respect pour la religion chrétienne, de la mettre trop souvent sur un théâtre profane. Ce n’est que par le conseil de quelques magistrats éclairés, qu’il substitua les Parsis, ou Guèbres, aux chrétiens. Pour peu qu’on y fasse attention, on verra qu’en effet les Guèbres n’adoraient qu’un seul Dieu ; qu’ils furent persécutés comme les chrétiens depuis Dioclétien, et qu’ils ont dû dire, à peu près, pour leur défense, tout ce que les chrétiens disaient alors.

L’empereur ne fait, à la fin de la pièce, que ce que fit Constantin à son avènement, lorsqu’il donna, dans un édit, pleine liberté aux chrétiens d’exercer leur culte, jusque-là presque toujours défendu ou à peine toléré.

M…, en composant cet ouvrage, n’eut d’autre vue que d’inspirer la charité universelle, le respect pour les lois, l’obéissance des sujets aux souverains, l’équité et l’indulgence des souverains pour leurs sujets.

Si les prêtres des faux dieux abusent cruellement de leur pouvoir dans cette pièce, l’empereur les réprime. Si l’abus du sacerdoce est condamné, la vertu de ceux qui sont dignes de leur ministère reçoit tous les éloges qu’elle mérite.

Si le tribun d’une légion, et son frère qui en est le lieutenant, s’emportent en murmures, la clémence et la justice de César en font des sujets fidèles et attachés poui’jamais à sa personne.

Enfin, la morale la plus pure et la félicité publique sont l’objet et le résultat de cette pièce. C’est