tacle des passions tendres peut seul exciter. L’intérêt de curiosité qu’on éprouve à suivre une intrigue, est une ressource qui leur manque. L’effet des situations extraordinaires ou des coups de théâtre y peut difficilement être employé. Ce qui attache dans ces
pièces, c’est le développement de grands caractères
placés dans des situations fortes, le plaisir d’entendre
de grandes idées exprimées dans de beaux vers, et
avec un style auquel l’état des personnages à qui on
les prête permet de donner de la pompe et de l’énergie,
sans s’écarter de la vraisemblance ; c’est le
plaisir d’être témoin, pour ainsi dire, d’une révolution
qui fait époque dans l’histoire, d’en voir sous
ses yeux mouvoir tous les ressorts. Elles ont surtout
l’avantage précieux de donner à l’âme de l’élévation
et de la force : en sortant de ces pièces, on se trouve
plus disposé à une action de courage, plus éloigné de
ramper devant un homme accrédité, ou de plier devant
le pouvoir injuste et absolu. Elles sont plus difficiles
à faire : il ne suffit pas d’avoir un grand talent
pour la poésie dramatique, il faut y joindre une
connaissance approfondie de l’histoire, une tête
faite pour combiner des idées de politique, de morale
et de philosophie. Elles sont aussi plus difficiles
à jouer. Dans les autres pièces, pourvu que les principaux personnages soient bien remplis, on peut être
indulgent pour le reste ; mais on ne voit pas sans
dégoût un Caton, un Clodius même, dire d’une
manière gauche des vers qu’il a l’air de ne pas entendre.
D’ailleurs, un acteur qui a éprouvé des passions,
qui a l’âme sensible, sentira toutes les nuances
Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/215
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CATILINA.