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CATILINA.

Je peux vous embrasser ; Dieux ! quel accueil funeste !
Quels regards effrayants !

ORESTE.
Quels regards effrayants ! Ô terre, entrouvre-toi :

Clytemnestre, Tantale, Atrée, attendez-moi ;
Je vous suis aux Enfers, éternelles victimes, etc.

Crébillon était censeur des pièces de théâtre : M. de Voltaire fut donc obligé de lui présenter sa tragédie. « Monsieur, lui dit Crébillon en la lui rendant, j’ai été content du succès d’Électre ; je souhaite que le frère vous fasse autant d’honneur que la sœur m’en a fait. »

À la première représentation on applaudit avec transport un morceau imité de Sophocle. M. de Voltaire s’élança sur le bord de sa loge : « Courage, Athéniens, s’écria-t-il, c’est du Sophocle ! »

On verra, en lisant les Variantes, que l’auteur a retranché d’éloquentes déclamations, pour mettre plus de mouvement dans les scènes, qu’il s’est écarté du génie du théâtre grec, pour ne plus suivre que le sien.

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CATILINA.


Cette pièce, ainsi que la Mort de César, est d’un genre particulier, le plus difficile de tous peut-être, mais aussi le plus utile. Dans ces pièces, ce n’est, ni à un seul personnage, ni à une famille qu’on s’intéresse ; c’est à un grand événement historique. Elles ne produisent point ces émotions vives que le spec-