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ORESTE.

de ce changement, dans une note qui se trouvait à la fin de plusieurs éditions d’Oreste.

« Quoique cette catastrophe, imitée de Sophocle, soit, sans aucune comparaison, plus théâtrale et plus tragique que l’autre manière dont on a joué la fin de la pièce, cependant j’ai été obligé de préférer sur le théâtre cette seconde leçon, toute faible qu’elle est, à la première. Rien n’est plus aisé, et plus commun parmi nous, que de jeter du ridicule sur une action théâtrale à laquelle on n’est pas accoutumé. Les cris de Clytemnestre, qui faisaient frémir les Athéniens, auraient pu, sur un théâtre mal construit et confusément rempli de jeunes gens, faire rire des Français ; et c’est ce que prétendait une cabale un peu violente. Cette action théâtrale a fait beaucoup d’effet à Versailles, parce que la scène, quoique trop étroite, était libre, et que le fond plus rapproché laissait entendre Clytemnestre avec plus de terreur, et rendait sa mort plus présente. Mais je doute que l’exécution eût pu réussir à Paris. »

Voici donc la manière dont on a gâté la fin de la pièce de Sophocle :

On dit que dans ce trouble on voit les Euménides,
Sourdes à la prière, et de vengeance avides,
Ministres des arrêts prononcés par le sort,
Marcher autour d’Oreste en appelant la mort.

IPHISE.
Il vient : il est vengé ; je le vois.
ÉLECTRE.
Il vient : il est vengé ; je le vois.Cher Oreste,