et à leurs chefs, toutes ces oppressions de détail,
communes à toutes les constitutions, et que dans
toutes, ceux qui commandent, comme ceux qui
obéissent, ont également intérêt de détruire. Il parlera
d’adoucir et de simplifier les lois, de réprimer
les vexations des traitants, de détruire les entraves
dans lesquelles une fausse politique enchaîne la liberté
et l’activité des citoyens, afin que du moins il
ne manque au bonheur des hommes que d’être libres,
et que bientôt on puisse présenter à la liberté
des peuples plus dignes d’elle.
Tel est le résultat de la philosophie de Voltaire, et tel est l’esprit de tous ses ouvrages.
Que des hommes qui, s’il n’avait pas écrit, seraient encore les esclaves des préjugés, ou trembleraient d’avouer qu’ils en ont secoué le joug, accusent Voltaire d’avoir trahi la cause de la liberté, parce qu’il l’a défendue sans fanatisme et sans imprudence ; qu’ils le jugent d’après une disposition des esprits postérieure de dix ans à sa mort, et d’un demi-siècle à sa philosophie, d’après des opinions qui, sans lui, n’auraient jamais été qu’un secret entre les sages ; qu’ils le condamnent pour avoir distingué le bien qui peut exister sans la liberté, du bonheur qui naît de la liberté même ; qu’ils ne voient pas que si Voltaire eût mis, dans ses premiers ouvrages philosophiques, les principes du vieux Brutus, c’est-à-dire, ceux de l’acte d’indépendance des Américains, ni Montesquieu, ni Rousseau n’auraient pu écrire leurs ouvrages ; que si, comme l’auteur du Système de la Nature, il eut invité les rois de l’Europe à