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VIE DE VOLTAIRE.


témoignages ; et que l'historien philosophie doit non-seulement rejeter les faits miraculeux, mais peser avec scrupule les motifs de croire ceux qui s’écartent de l’ordre commun de la nature.

Peut-être a-t-il abusé quelquefois de cette règle si sage qu’il avait donnée, et dont le calcul peut rigoureusement démontrer la vérité. Mais on lui devra toujours d’avoir débarrassé l’histoire de cette foule de faits extraordinaires, adoptés sans preuves, qui, frappant davantage les esprits, étouffaient les événements les plus naturels et les mieux constatés ; et avant lui la plupart des hommes ne savaient de l’histoire que les fables qui la défigurent. Il a prouvé que les absurdités du polythéisme n’avaient jamais été chez les grandes nations que la religion du vulgaire, et que la croyance d’un DIEU unique, commune à tous les peuples, n’avait pas eu besoin d’être révélée par des moyens surnaturels. Il a montré que tous les peuples ont reconnu les grands principes de la morale, toujours d’autant plus pure que les hommes ont été plus civilisés et plus éclairés. Il nous a fait voir que souvent l’influence des religions a corrompu la morale, et que jamais elle ne l’a perfectionnée.

Comme philosophe, c’est lui qui le premier a présenté le modèle d’un simple citoyen embrassant, dans ses vœux et dans ses travaux, tous les intérêts de l'homme dans tous les pays et dans tous les siècles, s’élevant contre toutes les erreurs, contre toutes les oppressions, défendant, répandant toutes les vérités utiles.