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VIE DE VOLTAIRE.

En lisant les ouvrages de Voltaire, on voit que personne n’a possédé peut-être la justesse d’esprit à un plus haut degré. Il la conserve au milieu de l’enthousiasme poétique, comme dans l’ivresse de la gaieté ; partout elle dirige son goût et règle ses opinions ; et c’est une des principales causes du charme inexprimable que ses ouvrages ont pour tous les bons esprits. Aucun esprit n’a pu, peut-être, embrasser plus d’idées à la fois, n’a pénétré avec plus de sagacité tout ce qu’un seul instant peut saisir, n’a montré même plus de profondeur dans tout ce qui n’exige pas ou une longue analyse, ou une forte méditation. Son coup d’œil d’aigle a, plus d’une fois, étonné ceux même qui devaient à ces moyens des idées plus approfondies, des combinaisons plus vastes et plus précises. Souvent, dans la conversation, on le voyait en un instant choisir entre plusieurs idées, les ordonner à la fois, et pour la clarté, et pour l’effet, les revêtir d’une expression heureuse et brillante.

De là ce précieux avantage d’être toujours clair et simple, sans jamais être insipide, et d’être lu avec un égal plaisir, et par le peuple des lecteurs, et par l’élite des philosophes. En le lisant avec réflexion, on trouve dans ses ouvrages une foule de maximes d’une philosophie profonde et vraie, qui échappent aux lecteurs superficiels, parce qu’elles ne commandent point l’attention, et qu’elles n’exigent aucun effort pour être entendues.

Si on le considère comme poète, on verra que dans tous les genres où il s’est essayé, l’ode et la co-