un service solennel dans l’église catholique de Berlin.
L’Académie de Prusse y fut invitée de sa part ;
et ce qui était plus glorieux pour Voltaire, dans le
camp même où, à la tête de cent cinquante mille
hommes il défendait les droits des princes de l’Empire
et en imposait à la puissance autrichienne, il
écrivit l’éloge de l’homme illustre dont il avait été le
disciple et l’ami, à qui peut-être il n’avait jamais pardonné l’indigne et honteuse violence exercée contre
lui à Francfort par ses ordres, mais vers lequel un
sentiment d’admiration et un goût naturel le ramenaient
sans cesse, même malgré lui. Cet éloge était
une bien noble compensation de l’indigne vengeance
des prêtres.
De tous les attentats contre l’humanité, que dans les temps d’ignorance et de superstition les prêtres ont obtenu le pouvoir de commettre avec impunité, celui qui s’exerce sur des cadavres est, sans doute, le moins nuisible ; et à des yeux philosophiques, leurs outrages ne peuvent paraître qu’un titre de gloire. Cependant le respect pour les restes des personnes qu’on a chéries n’est point un préjugé : c’est un sentiment inspiré par la nature même, qui a mis au fond de nos cœurs une sorte de vénération religieuse pour tout ce qui nous rappelle des êtres que l’amitié ou la reconnaissance nous ont rendus sacrés. La liberté d’offrir à leurs dépouilles ces tristes hommages, est donc un droit précieux pour l’homme sensible ; et l’on ne peut sans injustice lui enlever la liberté de choisir ceux que son cœur lui dicte, encore moins lui interdire cette consolation, au gré