non moins attachés au régime réglementaire, qui était
pour eux un moyen d’agiter l’esprit du peuple ; irrités
de voir porter sur les propriétaires riches le fardeau
de la construction des chemins, sans espérer
qu’une lâche condescendance continuât d’alléger
pour eux le poids des subsides, et surtout effrayés de
la prépondérance que semblait acquérir un ministre
dont l’esprit populaire les menaçait de la chute de
leur pouvoir.
Cette ligue servit l’intrigue des ennemis de M. Turgot ; et on vit alors combien la manière dont ils avaient rétabli les tribunaux, était utile à leurs desseins secrets et funeste à la nation. On apprit alors combien il est dangereux pour un ministre de vouloir le bien du peuple ; et peut-être qu’en remontant à l’origine des événements, on trouverait que la chute même des ministres réellement coupables a eu pour cause le bien qu’ils ont voulu faire, et non le mal qu’ils ont fait.
Voltaire vit, dans le malheur de la France, la destruction des espérances qu’il avait conçues pour les progrès de la raison humaine. Il avait cru que l’intolérance, la superstition, les préjugés absurdes qui infectaient toutes les branches de la législation, toutes les parties de l’administration, tous les états de la société, disparaîtraient devant un ministre ami de la justice, de la liberté et des lumières. Ceux qui l’ont accusé d’une basse flatterie, ceux qui lui ont reproché avec amertume l’usage qu’il a fait, trop souvent peut-être, de la louange pour adoucir les hommes puissants, et les forcer à être humains et justes,