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VIE DE VOLTAIRE.


obstacles que les courtisans et le ministre prépondérant opposaient à toule grande réforme dans l’administration, à toute économie importante, il ne pouvait diminuer les impôts, et il voulut du moins soulager le peuple et dédommager les propriétaires, en leur rendant les droits dont un régime oppresseur les avait privés.

Les corvées, qui portaient la désolation dans les campagnes, qui forçaient le pauvre à travailler sans salaire, et enlevaient à l’agriculture les chevaux du laboureur, furent changées en un impôt payé par les seuls propriétaires. Dans toutes les villes, de ridicules corporations faisaient acheter à une partie de leurs habitants le droit de travailler ; ceux qui subsistaient par leur industrie ou par le commerce étaient obligés de vivre sous la servitude d’un certain nombre de privilégiés, ou de leur payer un tribut. Cette institution absurde disparut, et le droit de faire un usage libre de leurs bras ou de leur temps fut restitué aux citoyens.

La liberté du commerce des grains, celle du commerce des vins, l’une gênée par des privilèges populaires, l’autre par des privilèges tyranniques, extorqués par quelques villes, fut rendue aux propriétaires ; et ces lois sages devaient accélérer les progrès de la culture, et multiplier les richesses nationales en assurant la subsistance du peuple.

Mais ces édits bienfaiteurs furent le signal de la perte du ministre qui avait osé les concevoir. On souleva contre eux les parlements intéressés à maintenir les jurandes, source féconde de procès lucratifs ;