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VIE DE VOLTAIRE.


d’examiner tous les actes de la procédure, le droit de présenter des témoins, de faire entendre des faits justificatifs. La nation, l’Europe entière auraient applaudi ; les magistrats dépossédés n’auraient plus été que les ennemis de ces innovations salutaires ; et leur chute, que l’époque où le souverain aurait recouvré la liberté de se livrer à ses vues de justice et d’humanité.

A la vérité, la vénalité des charges fut supprimée ; mais les juges étant toujours nommés par la cour, on ne vit dans ce changement que la facilité de placer dans les tribunaux des hommes sans fortune et plus faciles à séduire.

On diminua les ressorts les plus étendus, mais on n’érigea pas en parlements ces nouvelles cours ; on ne leur accorda point l’enregistrement, et par là on mit entre elles et les anciens tribunaux une différence, présage de leur destruction ; enfin, on supprima les épices des juges, remplacées par des appointements fixes, seule opération que la raison pût approuver tout entière.

Ceux qui conduisaient cette révolution parvinrent cependant à la consommer, malgré une réclamation presque générale. Le duc de Choiseul, accusé de fomenter en secret la résistance un peu incertaine du parlement de Paris, et d’avoir retardé la conclusion d’une pacification entre l’Angleterre et l’Espagne, fut exilé dans ses terres. Le parlement, obligé de prendre, par reconnaissance, le parti de la fermeté, fut bientôt dispersé. Le duc d’Aiguillon devint ministre ; un nouveau tribunal remplaça le parlement. Quelques parlements de province eurent