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VIE DE VOLTAIRE.


nouvelles mesures du gouvernement, ou qu’il cherchait à faire naître la guerre pour se conserver dans sa place malgré la volonté du roi.

L’attaque contre les parlements fut dirigée avec la même adresse. Tout ce qui pouvait intéresser la nation fut écarté. Le roi ne paraissait revendiquer que la plénitude du pouvoir législatif, pouvoir que la doctrine de la nécessité d’un enregistrement libre transférait, non à la nation, mais aux parlements ; et il était aisé de voir que ce pouvoir, réuni à la puissance judiciaire la plus étendue, partagé entre douze tribunaux perpétuels, tendait à établir en France une aristocratie tyrannique plus dangereuse que la monarchie, pour la sûreté, la liberté, la propriété des citoyens. On pouvait donc compter sur le suffrage des hommes éclairés, sur celui des gens de lettres que le parlement de Paris avait également blessés par la persécution et par le mépris, par son attachement aux préjugés, et par son obstination à rejeter toute lumière nouvelle.

Mais il est plus aisé de former avec adresse une intrigue politique, que d’exécuter avec sagesse un plan de réforme. Plus les principes que l’autorité voulait établir effrayaient la liberté, plus elle devait montrer d’indulgence et de douceur envers les particuliers ; et l’on porta les rigueurs de détail jusqu’à un raffinement puéril. Un monarque parait dur, si, dans les punitions qu’il inflige, il ne respecte pas jusqu’au scrupule tout ce qui intéresse la santé, l’aisance, et même la sensibilité naturelle de ceux qu’il punit ; et, dans cette occasion, tous les égards