sa gloire, il n’a presque jamais écrit en prose que dans
des vues d’utilité générale. Cependant, les mêmes
raisons qui l’intéressaient au progrès de
l'Encyclopédie, suscitèrent à cet ouvrage une foule d’ennemis. Composé ou applaudi par les hommes les plus
célèbres de la nation, il devint comme une espèce
de marque qui séparait les littérateurs distingués, et
ceux qui s’honoraient d’être leurs disciples ou leurs
amis, de cette foule d’écrivains obscurs et jaloux qui,
dans la triste impuissance de donner aux hommes
ou des vérités nouvelles ou de nouveaux plaisirs,
haïssent ou déchirent ceux que la nature a mieux
traités.
Un ouvrage où l’on devait parler avec franchise et avec liberté, de théologie, de morale, de jurisprudence, de législation, d’économie publique, devait effrayer tous les partis politiques ou religieux, et tous les pouvoirs secondaires qui craignaient d’y voir discuter leur utilité et leurs titres. L’insurrection fut générale. Le Journal de Trévoux, la Gazette ecclésiastique, les journaux satiriques, les jésuites et les jansénistes, le clergé, les parlements, tous, sans cesser de se combattre ou de se haïr, se réunirent contre l'Encyclopédie. Elle succomba. On fut obligé d’achever et d’imprimer en secret cet ouvrage, à la perfection duquel la liberté et la publicité étaient si nécessaires : et le plus beau monument dont jamais l’esprit humain ait conçu l’idée, serait demeuré imparfait, sans le courage de Diderot, sans le zèle d’un grand nombre de savants et de littérateurs distingués, que la persécution ne put arrêter.