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VIE DE VOLTAIRE.


ni la poésie du style ; et on cite à peine des autres poètes un petit nombre de strophes.

Voltaire était encore à Berlin lorsque MM. Diderot et D’Alembert formèrent le projet de l'Encyclopédie, et en publièrent le premier volume. Un ouvrage qui devait renfermer les vérités de toutes les sciences, tracer entre elles des lignes de communication, entrepris par deux hommes qui joignaient, à des connaissances étendues ou profondes, beaucoup d’esprit et une philosophie libre et courageuse, parut, aux yeux pénétrants de Voltaire, le coup le plus terrible que l’on pût porter aux préjugés. L'Encyclopédie devenait le livre de tous les hommes qui aiment à s’instruire, et surtout de ceux qui, sans être habituellement occupés de cultiver leur esprit, sont jaloux cependant de pouvoir acquérir une instruction facile sur chaque objet qui excite en eux quelque intérêt passager ou durable. C’était un dépôt où ceux qui n’ont pas le temps de se former des idées d’après eux-mêmes, devaient aller chercher celles qu’avaient eues les hommes les plus éclairés et les plus célèbres ; dans lequel enfin les erreurs respectées seraient ou trahies par la faiblesse de leurs preuves, ou ébranlées par le seul voisinage des vérités qui en sapent les fondements.

Voltaire, retiré à Ferney, donna, pour l'Encyclopédie, un petit nombre d’articles de littérature ; il en prépara quelques-uns de philosophie, mais avec moins de zèle, parce qu’il sentait qu’en ce genre les éditeurs avaient moins besoin de lui, et qu’en général si ses grands ouvrages en vers ont été faits pour