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VIE DE VOLTAIRE.


douces, que la religion soit tolérante ; il ne va pas plus loin. C’est à tous les hommes qu’il s’adresse, et il ne leur dit que ce qui peut les éclairer également, sans révolter aucune de ces opinions qui, liées avec les constitutions et les intérêts d’un pays, ne peuvent céder à la raison, tant que la destruction des erreurs plus générales ne lui aura point ouvert un accès plus facile.

A la tête de ses Poésies fugitives, Voltaire avait placé dans cette édition une Épître adressée à sa maison des Délices, ou plutôt un Hymne à la Liberté : elle suffirait pour répondre à ceux qui, dans leur zèle aristocratique, l’ont accusé d’en être l’ennemi. Dans ces pièces, où règnent tour à tour la gaieté, le sentiment ou la galanterie, Voltaire ne cherche point à être poète ; mais des beautés poétiques de tous les genres semblent lui échapper malgré lui. Il ne cherche point à montrer de la philosophie, mais il a toujours celle qui convient au sujet, aux circonstances, aux personnes. Dans ces poésies comme dans les romans, il faut que la philosophie de l’ouvrage paraisse au-dessous de la philosophie de l’auteur. Il en est de ces écrits comme des livres élémentaires, qui ne peuvent être bien faits, à moins que l’auteur n’en sache beaucoup au delà de ce qu’ils contiennent. Et c’est par cette raison que dans ces genres, regardés comme frivoles, les premières places ne peuvent appartenir qu’à des hommes d’une raison supérieure.

Cette même année fut l’époque d’une réconciliation entre Voltaire et son ancien disciple. Les Au-