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REMARQUES


ce temps-là, les rechercheurs sont eux-mêmes convaincus de l’absurdité de leur méthode ; que s’ils l’emploient encore de temps en temps sur des accusés obscurs, c’est afin de ne pas laisser rouiller cette vieille arme, et de la tenir toujours prête pour effrayer leurs ennemis, ou pour s’en venger.

« J’ai lu qu’il y avait eu autrefois, en Europe, des usages aussi abominables ; mais ils n’y subsistent plus depuis longtemps. Pour les conserver au milieu d’un siècle éclairé et des mœurs douces de l’Europe, il aurait fallu, dans les magistrats de ces pays, un mélange d’imbécillité et de cruauté, portées toutes deux à un si haut point, que ce serait calomnier la nature humaine, que de l’en supposer capable. »

(Voyage aux Moluques, tom. II, pag. 232[1].)


PASCAL. « Un homme, dans un cachot, ne sachant si son arrêt est donné, n’ayant plus qu’une heure pour l'apprendre, et cette heure suffisant, s'il sait qu’il est donné, pour le faire révoquer, il est contre la nature qu’il emploie cette heure-là, non à s’informer si cet arrêt est donné, mais à jouer et à se divertir. » (P. 161, feuille K.)


CONDORCET. Il semble qu’il manque quelque chose à ce raisonnement de Pascal. Sans doute il est absurde de ne pas employer son temps à la re-

  1. Il est superflu sans doute de prévenir les lecteurs qu’à vouloir vérifier cette citation dans l’ouvrage du capitaine Dryden, ils perdraient leur temps et leur peine.