comme un moyen de ne point passer pour pédants,
et pour se donner un air cavalier. Depuis, on a
senti que le style devait être plus élevé et plus soutenu
que la conversation, puisque l’auteur a plus de
temps pour écrire, et le lecteur plus de temps pour
juger. La conversation même a pris un ton plus
noble, sans cesser d’être naturelle ; et c’est peut-être
encore plus à la nécessité, à l’habitude de bien
parler, qu’à l’étude des grands modèles que nous
devons l’avantage d’avoir, à cette époque de notre
littérature, un plus grand nombre de gens de lettres
qui écrivent avec agrément et avec élégance.
On pourrait dire encore que les plaisanteries de Pascal perdent une grande partie de leur prix pour les lecteurs à qui les matières de théologie sont étrangères ; que la crainte d’être accusé d’impiété et de profanation l’oblige d’émousser ses plaisanteries, et de les resserrer dans un cercle plus étroit ; qu’il parle souvent des hérésies des jésuistes sur la grâce, avec une chaleur qui ne pouvait échauffer que les théologiens de son parti ; qu’enfin, en attaquant la morale relâchée des jésuites, et leur acharnement dans les disputes de jansénisme, il a respecté leur intolérance et leur fanatisme, et qu’il n’a vengé que les jansénistes, au lieu de venger le genre humain. Le plus grand défaut des Provinciales, c’est d’avoir été écrites par un janséniste ; et si Pascal l’a été, c’est la faute de son siècle.
Les jésuites ont reproché aux Provinciales quelques infidélités ; mais elles doivent moins être imputées à Pascal qu’aux théologiens qui lui ont fourni