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ÉLOGE DE PASCAL.


du vide des scolastiques, mais qu’elle était déterminée et égale au poids d’une colonne d’eau de trente-deux pieds.

Galilée s’arrêta à cette remarque. Il savait cependant que l’air est pesant, et qu’un ballon rempli d’air pèse davantage que lorsque cet air en a été chassé.

Toricelli confirma, par de nouvelles expériences, l’observation de l’ascension de l’eau dans les pompes ; il prouva que cette force élevait l’eau dans les tuyaux inclinés à la même hauteur perpendiculaire ; que le mercure ne montait qu’à vingt-huit pouces, hauteur proportionnelle au rapport des pesanteurs des deux fluides. Le père Mersenne avait été témoin de ces expériences dans un voyage d’Italie ; il en rendit compte à Pascal, et vraisemblablement d’une manière assez vague, puisqu’il ne lui dit pas même que Toricelli en fût l’auteur. Pascal les répéta de plusieurs façons, ce qui était important dans un temps où ces premières vérités d’expérience étaient offertes à des hommes remplis de tous les préjugés des philosophes scolastiques : ces expériences furent publiées en 1647. Alors Pascal attribua la suspension des liqueurs à l’horreur limitée du vide. Il se préparait même à soutenir la possibilité du vide contre Descartes, qui avait déjà aperçu que c’était à la pesanteur de l’air qu’était due l’élévation du mercure, et qui même avait indiqué les expériences qu’il fallait faire pour le démontrer. Jamais peut-être l’esprit humain ne fit, en si peu de temps, d’aussi grands progrès que dans cette époque. Trente ans