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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.

Pour favoriser le commerce et perfectionner les manufactures, l’Hôpital crut devoir mettre des droits sur les marchandises étrangères ; mais ces droits nuisibles, parce qu’en ôtant la concurrence ils ôtent le seul moyen juste et vraiment efficace d’exciter l’émulation entre les manufactures, ces droits injustes, parce qu’ils augmentent nécessairement le prix des marchandises, ces droits ont encore l’inconvénient de n’encourager qu’une seule espèce d’industrie ou de culture, et si le ministre a mal choisi, de l’encourager aux dépens d’une industrie ou d’une culture plus avantageuse. Administrateurs, laissez ce choix à l’intérêt et à la nature qui ne se tromperont jamais. Aussi l’Hôpital détruisit lui-même les lois qu’il avait


    retiers, le nombre des mets qu’on pouvait faire servir dans un festin, ce qu’un voyageur devait dépenser dans une auberge, l’espèce de viandes qu’il lui serait permis de manger. Un voyageur pouvait, à la vérité, doubler la portion de son cheval, mais il ne pouvait augmenter la sienne. Les cuisiniers, les hôteliers étaient condamnés à des peines afflictives, s’ils violaient ces règlements.

    D’autres lois déterminaient la forme des hauts-de-chausses et des vertugadins, défendaient de faire des bûches et des échalas carrés, de manger des agneaux et des volailles en certains temps de l’année.

    Enfin, l’Hôpital défendit de crier des petits pâtés dans les rues, pour ne pas exposer les pâtissiers à l’oisiveté, et le public à des indigestions.

    Si le docteur Swift eût voulu tourner en ridicule l’esprit réglementaire, il n’eût pas imaginé des lois plus étranges. Pourquoi donc l’Hôpital fit-il ces lois ? Je le répète, c’est qu’il avait l’esprit conséquent ; c’est qu’elles étaient la suite nécessaire des principes qu’il avait adoptés.