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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


états généraux, le consentement du liers état serait nécessaire pour l’établissement des impôts, et que les suffrages réunis de la noblesse et du clergé ne suffiraient pas pour assujettir le peuple à une charge que ces deux corps auraient pu faire retomber en entier sur lui.

La levée de la taille devint plus régulière et plus douce.

Il défendit aux gentilshommes de chasser dans les terres ensemencées ; c’était assez sans doute que le champ du laboureur fût dévoré par le gibier, sans être dévasté par les chasseurs : il permit aux propriétaires des champs d’effrayer les bêtes fauves par leurs cris, et même de leur jeter des pierres, mais sans les offenser ; car il fallait respecter encore les prétendus droits de ceux qui préfèrent le plaisir de tourmenter les animaux à celui de faire du bien aux hommes, et qui aiment mieux que la terre nourrisse des sangliers qu’ils égorgent impunément, que des hommes de qui ils ne peuvent attendre un si noble plaisir.

Il défendit aux soldats, aux chefs des troupes d’exiger du peuple des vivres, des chevaux ou des journées sans les payer. Pouvait-il ne pas sentir que forcer le peuple au sacrifice des seuls biens qui lui restent, son temps et son travail, c’est le soumettre à l’impôt le plus avilissant à la fois et le plus onéreux ?

L’Hôpital ne voulut point qu’on traitât comme coupable l’accusé, peut-être innocent, qui n’avait pas assez de confiance à l’équité ou aux lumières