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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


saient en foule, l’Hôpital en voulait bannir les scandales et les apostasies.

S’il force le clergé de contribuer aux charges publiques, il lui assure en même temps la conservation de ses biens, il en prévient les dégradations.

Cependant, si on en excepte ces derniers règlements purement temporels, aucune de ces lois, quoique demandées par les états et appuyées du suffrage de la nation, ne fut exécutée. Le faux zèle des chefs du parti catholique s’éleva contre ces réformes, qui peut-être eussent été le seul moyen de ramener tous les Français à une même croyance ; mais il importait peu à ces ambitieux hypocrites que la France fût paisible et catholique ; il fallait qu’elle fût troublée pour qu’ils fussent puissants ; et tandis que l’Hôpital servait également et la nation et l’Église, ils l’attaquèrent comme un ennemi de Dieu, uniquement parce qu’il était ennemi de leurs projets. Cette haine des deux partis prouvait au chancelier qu’il était juste envers tous. Malheur à l’homme d’État, de qui une faction croirait avoir à se louer ! la nation aurait sûrement à s’en plaindre. Malheur à celui qui, pour se soutenir dans ses opinions ou sa conduite, a besoin du sceau de l’approbation populaire, et qui cherche à s’attirer les suffrages ! Ce besoin de l’opinion du moment décèle une âme petite et une tête étroite. Quelle opération, capable de produire un bien durable, peut être entendue par le peuple ? Comment saurait-il jusqu’à quel point le bien est possible ? Comment jugerait-il des moyens de le produire ? Il sera toujours plus aisé à un char-