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ÉLOGE DE M. BEZOUT.


plus grands efforts et du travail le plus continu ; qui multiplia ses productions au delà de ce qu’on eût osé attendre des forces humaines, et qui cependant fut original dans chacune ; dont la tête fut toujours occupée et l’âme toujours calme ; qui enfin, par une destinée malheureusement trop rare, réunit et mérita de réunir un bonheur presque sans nuage à une gloire qui ne fut jamais contestée.

Sa mort a été regardée comme une perte publique, même dans le pays qu’il habitait : l’Académie de Pétersbourg a porté solennellement son deuil, et lui a décerné à ses frais un buste de marbre qui doit être placé dans ses salles d’assemblées ; elle lui avait déjà rendu, pendant sa vie, un honneur plus singulier. Dans un tableau allégorique, la géométrie s’appuie sur une planche chargée de calculs, et ce sont les formules de sa nouvelle théorie de la lune que l’académie a ordonné d’y inscrire. Ainsi, un pays, qu’au commencement de ce siècle nous regardions encore comme barbare, apprend aux nations les plus éclairées de l’Europe à honorer la vie des grands hommes et leur mémoire récente : il donne à ces nations un exemple que plusieurs d’entre elles auraient à rougir, peut-être, de n’avoir su ni prévenir ni même imiter.

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ÉLOGE DE M. M. BEZOUT.

Étienne Bezout, de l’Académie des sciences et de celle de marine, examinateur des gardes de la ma-