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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


demander la paix ; elle accorde des avantages aux protestants, mais cette paix n’est qu’un piège [1].

Cependant, Charles paraît un moment désirer qu’elle soit durable : quelques mots, avidement recueillis par les courtisans, semblent annoncer qu’il a pénétré les vues de ses nouveaux ministres ; ce dernier mouvement de vertu qui échappe à l’âme du prince effraye Catherine ; elle voit que le chancelier est encore à craindre ; et la perte de l’Hôpital est résolue.

Sa famille était protestante : on le peignit à Charles comme un huguenot déguisé, secrètement lié avec le prince de Condé et l’amiral, se proposant d’employer les armes des protestants à établir en

    commandement de l’armée au duc d’Anjou, à peine sorti de l’enfance. Un conseil de généraux, ou plutôt de favoris, commandait sous lui. Charles fut trop heureux que le défaut d’argent obligeât le prince de Condé à lui accorder la paix. On est étonné que Charles IX, d’un tempérament robuste, d’un caractère violent, n’ait jamais commandé ses troupes. Mais Philippe II gouvernait alors le conseil de France ; il ne voulait pas qu’on inspirât le goût de la guerre au jeune monarque ; il craignait que Charles, qui avait de la hauteur et qui aimait la gloire, ne voulût venger les défaites de Pavie et de Saint-Quentin, la prison de François I er et la mort d’Elisabeth.

  1. A peine fut-elle conclue, que le pape permit, pour la seconde fois, de vendre les biens ecclésiastiques, pour fournir aux frais de la guerre contre les hérétiques. L’Hôpital n’eut plus le crédit de faire rejeter cette bulle scandaleuse, qui offensait également la religion et l’humanité ; il ne put même empêcher Charles de consentir au projet de s’assurer du prince de Condé et de l’amiral. Cette trahison fut découverte, elles courtisans accusèrent l’Hôpital de leur avoir épargné ce crime.