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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


majeur dès le commencement de sa quatorzième année, et l’Hôpital parcourut avec lui la plupart des provinces.

L’autorité, qu’il était aisé de surprendre ou d’éluder de loin, qui n’eût pu même, sans craindre de se compromettre, exiger une obéissance entière, avait de près plus d’activité et de force.

Mais l’Hôpital avait fondé sur ce voyage des espérances plus grandes encore ; il voulait instruire Charles IX de ses intérêts et de ses devoirs, en lui faisant connaître l’état de son royaume et les maux de son peuple.

Charles IX montrait de la sensibilité, du courage, et ce goût des arts qui, dans un prince surtout, semble annoncer une âme noble et pure. Élevé par le vertueux Cypierre [1], il paraissait avoir des vertus ; et s’il n’eût pas été corrompu par les flatteurs, dont une mère ambitieuse et jalouse du pouvoir entoura sa jeunesse, ce prince, que ses remords tirent périr à la fleur de son âge, et qui n’a laissé qu’une mémoire exécrable, eût mérité peut-être d’être compté parmi les bons rois.

Cependant, guidé par l’Hôpital, il promenait ses regards sur un empire immense, dont le sort était remis en ses mains, trop faibles, mais innocentes encore. L’Hôpital lui montrait partout des échafauds

  1. On peut dire que Cypierre était un homme vertueux, si l’on songe dans quel siècle il a vécu. On lui a reproché de la dureté, et peut-être avec justice ; mais il conseilla, en mourant, à Catherine de Médicis, de maintenir la paix, et de traiter les protestants avec douceur.