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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


il amène avec lui la régente et Charles IX, qui suit en pleurant un sujet devenu son maître. La cour alors se décide à la guerre ; l’Hôpital s’y oppose ; le connétable lui dit que ce n’est pas à un homme de robe à donner son avis sur la guerre : Si je ne sais la faire, répond le chancelier, je sais juger quand elle est nécessaire. Alors cet homme, devant qui on eût rougi déformer des résolutions criminelles, est exclu du conseil, et remplacé par cinq nouveaux conseillers : ces esclaves odieux des auteurs de la guerre civile, mais plus ridicules encore par l’audace de s’être présentés pour remplacer l’Hôpital, durent à cette audace l’avantage de n’être que l’objet de la risée des deux partis.

Le prince de Condé se prépara bientôt à une guerre civile ; il annonçait qu’il ne prenait les armes que pour défendre la religion et les lois, et pour délivrer le roi opprimé par des factieux. Ce n’est pas le bien de la nation qu’ils veulent, disait-il dans son manifeste, puisque l’Hôpital est exclu de leur conseil. Éloge qui montre combien toute l’autorité qui accompagne le pouvoir est petite devant celle de la vertu.

Le parlement, à qui les édits de tolérance avaient déplu, se hâta de les révoquer ; il rendit un arrêt qui ordonna de courir sus aux protestants. C’était ordonner la guerre civile ; cet exécrable vœu est exaucé ; villes contre villes, villages contre villages, quartier contre quartier, château contre château ; on combat, on s’assassiné d’un bout de la France à l’autre. Les protestants se vengent des cruautés des