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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


dait que le moment où il lui serait permis de déployer son autorité tout entière [1].

L’intrigue n’avait pu déconcerter l’Hôpital. On a recours aux armes. Le duc de Guise ne quitte la cour que pour se mettre en état d’y rentrer en maître.

Bientôt, séduit par les trompeuses promesses du pape et de l’Espagne, le roi de Navarre s’unit aux ennemis de sa maison ; le vieux Montmorency est entraîné, malgré sa famille, par la crainte de voir détruire la foi pour laquelle il était prêt à donner sa vie, quoique ce guerrier courtisan, vieilli dans les intrigues et dans les armes, n’eût jamais songé ni à pratiquer sa religion ni à la connaître.

Le duc de Guise consent à n’être que le troisième dans une ligue dont il est le mobile, et dont il doit

  1. L’exécution de cet édit, connu sous le nom de l’édit de janvier, souffrit des difficultés : le voisinage des temples et des églises, les insultes faites aux protestants qui refusaient de rendre un culte aux images exposées dans les lieux publics, les prédications séditieuses des moines, les déclamations violentes de quelques ministres contre les catholiques, toutes ces causes de haine et de tumulte, fomentées par les ennemis de la paix, produisaient sans cesse de nouvelles violences ; on bravait avec audace l’autorité d’un roi mineur, gouverné par une femme qui n’avait pu cacher le secret de son inconstance et de sa faiblesse.

    Retirés de la cour, les princes lorrains savaient, du fond de leurs terres, exciter des tumultes à Paris et dans les provinces ; ils avaient, à leurs gages, des prédicateurs, des écrivains ; ils fomentaient la haine réciproque des deux partis ; ils savaient trop bien que la tranquillité de l’État aurait été la ruine de leurs espérances.