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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


obtenir de la régente la réforme des vices de l’administration, et surtout pour demander la suspension des lois portées contre les réformés, détruire les abus du clergé, le forcer à contribuer aux charges publiques, et faire juger par un concile national la cause des protestants, si Rome refusait ou éludait un concile général.

Les états se séparent, et le chancelier, fidèle à leurs vœux, ne s’occupe plus que du soin de maintenir la paix.

L’amour de la paix semble avoir dicté toutes ses lois. Catholiques, réformés, tous sont à ses yeux des hommes et des citoyens, qui ont un droit égal à conserver, sous la protection des lois, leur propriété, leur liberté, leur vie. S’il prescrit aux catholiques d’être tolérants, il exige des réformés qu’ils soient justes. Il soumet les deux partis à des sacrifices


    neur de porter la parole au roi pour le clergé. La noblesse et le tiers état répondirent avec fierté qu’ils ne voulaient point souffrir à la tète de l’assemblée de la nation le ministre contre qui elle avait à demander justice.

    Le docteur Quintin porta la parole à la place du cardinal de Lorraine. Suspect de luthéranisme, il prononça, sans geste, sans inflexion de voix, le discours que le cardinal avait préparé. Il y demandait qu’on exterminât les hérétiques, et qu’on fit le procès à ceux qui avaient présenté des requêtes en leur faveur. C’était attaquer personnellement l’amiral de Coligny, qui se plaignit aux états. Quintin fut obligé de lui faire une réparation publique. Coligny eût sans doute également méprisé les injures du docteur Quintin et ses excuses ; mais il regardait ces excuses ordonnées par les états comme une humiliation pour le cardinal, auteur connu du discours.