prêté leur appui aux protestants réduits au désespoir.
On pouvait séduire ou intimider le roi de Navarre ;
mais il fallait perdre le prince de Condé, et
pour le perdre, il fallait le tromper. Catherine s’en
charge et y réussit ; le cardinal de Bourbon, son
frère, trompé lui-même, le conduit dans le piège ;
on dédaigne d’arrêter le roi de Navarre avec le
prince. La hauteur des Guises se plaît à voir un roi
de la maison de France implorant leur pitié, et leur
demandant la grâce de son frère. Ils veulent que
cette grande victime soit immolée à leur pouvoir :
la mort du prince ne leur suffit pas ; il faut qu’un
héros descendu de saint Louis tombe sous la hache
des bourreaux : mais ils n’osent espérer cette grande
injustice des juges naturels du prince
[1].
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Depuis longtemps le cardinal de Lorraine avait tenté d’introduire la corruption dans le parlement de Paris ; il s’y était fait un grand nombre de créatures : mais le corps du parlement n’était pas à lui. Après le supplice d’Anne du Bourg, et la longue prison de ses amis, ceux des membres du parlement qui penchaient
pour la réforme ; ceux qui, fermes dans leur foi, se bornaient à désirer qu’on instruisît les protestants au lieu de les brûler, ou se tenaient dans la retraite, ou même se croyaient obligés d’affecter un zèle exagéré. L’esprit d’intolérance régnait donc dans le parlement ; mais le zèle pour les anciennes lois, l’amour
de la maison royale y régnaient aussi. Tel fut constamment, durant ces longs troubles, l’esprit du parlement de Paris.
Plaignons ce corps illustre d’avoir été entraîné, par un zèle inconsidéré, dans des excès qu’il déteste aujourd’hui. Qu’ils restent dévoués à un opprobre éternel, ces magistrats fanatiques dont les cris firent sacrifier le sang innocent à un zèle aveugle, ou aux vues d’une politique aussi fausse que sanguinaire ! Sans