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juration d’Amboise, et de tolérer les assemblées paisibles qui n’avaient que le culte pour objet.

Le parlement refusa d’enregistrer cette loi ; elle était contraire aux priviléges de ce corps, elle l’était à la jurisprudence du royaume, et, dans des temps plus heureux, elle l’eût été aux véritables intérêts des citoyens. D’ailleurs, l’Hôpital était odieux au parlement ; on s’y souvenait de l’édit des semestres, et on lui pardonnait encore moins le projet qu’il laissait entrevoir de détruire la vénalité des charges et l’usage des épices. L’édit de Romorantin ne fut donc enregistré qu’après des lettres de jussion.

L’Hôpital fut alors dans la situation la plus cruelle peut-être où un homme vertueux puisse se trouver. Accusé d’avoir sacrifié aux princes lorrains son honneur et les lois, et ne pouvant avouer, sans perdre tout le fruit de sa conduite, les motifs secrets qui l’avaient dirigée, il demeurait seul avec sa conscience.

Cependant l’édit de Romorantin lui laissait espérer quelques moments de paix : il en profita pour une entreprise plus importante ; il engagea Catherine à représenter à son fils la nécessité de réparer les maux de la France, et lui proposa l’unique moyen qui restait encore, la convocation des états. Il avait prévu la résistance des princes lorrains, et n’avait pas espéré de la vaincre ; mais il se flattait du moins d’obtenir, et il obtint en effet leur consentement pour une assemblée de seigneurs et de magistrats.

Cette assemblée se tient à Fontainebleau. Ces