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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.

Le chancelier, tempérant, par les grâces de son esprit et la simplicité de ses mœurs, l’austérité de ses principes et la force de son caractère ; l’amiral, incapable de cette heureuse flexibilité, annonçant, par son air et même par son silence, ce qu’avaient à craindre de lui ses ennemis et ceux de l’État.

L’Hôpital occupé, lorsque l’intrigue arrêtait ses desseins pacifiques, à laisser du moins quelques bonnes lois à son pays ; Coligny profitant des intervalles de la guerre civile pour suivre ses grandes vues, et pour établir un second empire dans un autre hémisphère.

Respectables tous deux par des mœurs austères, par une probité que leurs ennemis mêmes n’osèrent soupçonner : l’Hôpital d’une vertu plus pure ; Coligny d’une vertu plus forte ; tous deux terribles aux traitants et aux favoris, aux esclaves de la cour et aux tyrans du peuple, aux fanatiques et aux factieux ; tous deux également redoutés et haïs des puissances ennemies de la France ; tous deux l’éternel objet des complots, de l’intrigue, de la calomnie, et dédaignant même de s’en apercevoir : ils succombèrent enfin sous les artifices de leurs ennemis, ne laissant à leur patrie que la gloire de leur nom, l’exemple de leur courage, et le regret de voir tant de talents et de vertus réduits à empêcher le mal pendant quelques moments, et perdus pour le bonheur public.

Cependant, toutes les vues de l’Hôpital pour le salut de son pays étaient subordonnées à un premier objet, sans lequel tout bien général devenait