quelque chose dans ses ouvrages, il s’empressait de
réparer une injustice involontaire, sans même trop
examiner si l’équité rigoureuse exigeait de lui un
abandon absolu. Y avait-on relevé quelque erreur ?
si le reproche était mai fondé, il l’oubliait ; s’il était juste, il se corrigeait, et ne songeait même pas à
observer que souvent le mérite de ceux qui se vantaient
d’avoir aperçu ses fautes, consistait dans une
application facile des méthodes que lui-même leur
avait enseignées, à des théories dont il avait aplani
d’avance les plus grandes difficultés.
Presque toujours les hommes médiocres cherchent à se faire valoir par une sévérité proportionnée à la haute idée qu’ils veulent donner de leur jugement ou de leur génie ; inexorables pour tout ce qui s’élève au-dessus d’eux, ils ne pardonnent même pas à l’infériorité : on dirait qu’un sentiment secret les avertit du besoin qu’ils ont de rabaisser les autres. Au contraire, le premier mouvement de M. Euler le portait à célébrer les talents dès l’instant où quelques essais heureux frappaient ses regards, et sans attendre que l’opinion publique eut sollicité son suffrage.
On le voit employer son temps à refaire, à éclaircir ses ouvrages, et même à résoudre des problèmes déjà résolus, qui ne lui laissaient plus que le mérite de plus d’élégance et de méthode, avec la même ardeur, la même constance qu’il eût mises à poursuivre une vérité nouvelle dont la découverte aurait ajouté à sa renommée. D’ailleurs, si le désir ardent de la gloire eût existé au fond de son cœur, la