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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


sans avoir même à se reprocher d’avoir trompé ceux à qui il devait son élévation.


L'Hôpital, chancelier, ministre et homme d’État.


Chef de la magistrature, conservateur des lois, défenseur du peuple, et législateur, l’Hôpital sentit toute l’étendue des devoirs que ces différents titres lui imposaient.

Chef de la magistrature, le chancelier ne doit jamais perdre de vue que les magistrats ont été institués pour le peuple, et que, placé à leur tête, il leur doit, non de défendre leurs prétentions, mais


    chancelier de Marguerite de Valois, devenue duchesse de Savoie, et avait suivi cette princesse en Italie.

    Si le cardinal de Lorraine n’avait cherché qu’un homme dévoué à ses projets, Bertrandi avait fait ses preuves : il avait présidé, sous Henri II, au lit de justice où Anne du Bourg fut arrêté, et dressé les lettres patentes de la commission qui le jugea.

    C’est réellement à Catherine que l’Hôpital dut sa place, et elle eut soin de l’en instruire. Il lui montra constamment sa reconnaissance, en ne lui donnant que des conseils conformes à ses intérêts et à sa gloire.

    On pourrait, avec plus de justice, reprocher à l’Hôpital d’avoir, dans ses vers, prodigué aux princes lorrains les éloges et la satire ; de s’être abaissé, dans son testament, jusqu’à recommander sa famille à Catherine, fumante encore du sang de la Saint-Barthélémy. Ces faiblesses, qu’on trouverait peut-être à excuser s’il s’agissait d’un homme ordinaire, sont une tache pour l’Hôpital : qu’elles servent à consoler la malignité humaine, qui est plus vivement blessée de la perfection que de la grandeur, sans doute parce que la perfection est encore plus étrangère à notre nature !